LA MORT ET LE TEMPS SOCIAL

 

                                               INTRODUCTION

   « La raison humaine à ce destin particulier dans un genre de ses connaissances qu'elle se trouve accablée par les questions qu'elle ne peut ignorer car elles lui sont proposée par la nature de la raison elle-même, mais auxquelles elle ne peut non plus apporter de réponse, car elles dépassent tout pouvoir de la raison humaine. » Cette affirmation de Kant à la préface de la première édition de la Critique de la Raison Pure (1781), vient confirmer l'idée de la curiosité démesurée de l'homme. Ce dernier se préoccupe sans fin des questions autour de son existence. C’est des questions comme : qui sommes-nous? D’où venons-nous? Quel est le sens de notre vie; de notre existence? Qu’est-ce qu’il y a après la vie ? Voici généralement des interrogations bien particulières qui rythment jour après jour et qui hantent la curiosité de l'intelligence humaine. L'importance de ces interrogations confirme le corpus notable qui fut élaboré pour aborder chacune de ces idées. Mais plus particulièrement, la question qui nous interpelle dans la logique de notre examen, c'est celle qui traitent de la fin de l'homme, c'est-à-dire la mort. Qu’est-ce donc que la mort ? Résume-t-elle forcément à la fin de la vie de l'être ?

L'homme est un être qui est né dans un milieu social déterminé, où lui sont inculquer des valeurs et des pratiques. Des valeurs et des modes de vie que lui sont léguées ses devanciers. Et durant sa vie, ce dernier les adopte, se les approprie, puis les transmet à la génération suivante. C’est cet intervalle de la réception et de la transmission qu'il convient d'appeler le temps social. Cependant il faudrait noter que, ce que nous entendons par le « temps social », se distingue nettement de la définition qu’on donne du temps physique. Alors qu'est-ce que le temps social?

 

 

 

Dans une tentative de définition de cette expression, très complexe d’ailleurs, nous chercherons à confirmer l'idée d'après laquelle la mort ne limite pas forcément à la vie sociale de l'homme, c'est à dire l'absence physique de l’être ne dit pas forcément la limite de ses actions dans le temps.

C'est dans l'optique de cerner et d'argumenter une telle affirmation, que nous tenterons de répondre dans l'ordre les questions que voici : qu'est-ce que la mort ? Une tâche certes prétentieuse, mais nous essayerons tout de même de faire une approche. Premièrement savoir comment est-elle perçue dans la pensée générale, ensuite interroger la science et enfin analyser l’avis des philosophes sur la question.  Qu'est-ce que le temps ? À travers cette question nous essaierons de partir d'une définition qui opposera le temps social et le temps physique. Et enfin la mort peut-elle limiter le temps social ? Voici En clair l'interrogation qui dirige notre exposé. Ce sera ainsi l'occasion de faire une conclusion sur les précédentes questions. C’est-à-dire chercher à savoir si réellement le temps social peut s'arrêter. C’est une thèse que nous défendons à travers les propos d'Alain, en passant par Auguste Comte pour terminer avec la brillante analyste de Feuerbach sur la question.

                          Qu’est-ce que la mort ?

 

Sens général 

    Qu'est-ce que la mort ? Y a-t-il une question plus sérieuse que cette dernière ? La mort c'est ce qui ne se pose pas avec légèreté. La réponse qu'on en donne, le plus souvent, n'est que temporaire, mais jamais définitive. Tout ceci justifie la nature du sujet. La mort est un sujet très délicat. D'où les diverses tentatives de réponses mais toujours insuffisantes et limitées. Le sens commun, le religieux, en passant par la médecine tout comme le philosophe chacun cherche à savoir ce qu’est la mort. Une question certes très épineuse très complexe mais intéresse tout de même l'homme. Comme nous l'avons dit plus haut, l'homme est très obnubilé en ce qui concerne sa finitude.

Mais qu'est-ce qui motive réellement l'interrogation sur la mort ? Peut-être la réponse à cette question pourrait nous permettre d'avoir un début de réponse pour pouvoir la définir. La question est-elle posée juste par simple curiosité ? Ou par peur de l'au-delà c'est-à-dire l'incertain ? Qu’en dit l’homme du sens commun ? Qu'en dit la médecine, comment la mort est-elle perçue par la religion et enfin comment est-elle appréhendée par la philosophie ?

La mort selon le sens commun.

         Le sens commun, c'est la foule, c'est à dire ceux qui ne sont pas philosophe, ceux qui comme le dit Bertrand Russell « n’ont aucune teinture de philosophie ». C'est ceux qui réfléchissent superficiellement sur le monde.  C'est ceux qui vivent le monde pensant que tout est parfait et que tout est à sa place là où il est. C’est ceux qui ne font jamais d'effort pour comprendre le sens profond des choses. C’est ceux qui sont très attachés à la vie matérielle, la vie immédiate, de sorte qu'ils ne prennent pas le temps de s'interroger sur la suite des choses. Quant à la question de la mort, aussi soit important le sujet, Ces derniers ne prennent même pas la peine de s'y pencher en profondeur, c'est peut-être dû par la peur. Ils n'ont aucune explication sur ce que peut être la mort. Toute réponse qu'on peut espérer venant d’eux : c’est que la mort c’est « l’ineffable » ce dont on ne peut rien dire. Pour le sens commun, on nait, on meurt cela a toujours été le cours normal des choses. Et donc selon la foule, mourir c’est juste la fin de la vie qui est très normal car cela a toujours été ainsi. Pour eux, la mort c'est juste quand il n'y a plus de vie, et la vie le temps de l'activité. Cependant le constat ici, il n'y a rien qui nous expliquerait la mort, donc retour à la case départ. Certains pourraient tenter de valider cette conception, disons cette première approche de la mort comme une définition valable. Cependant le constat est que cette soi-disant définition n’est qu’une observation. On voit une personne en activité on en résume qu’il vie, et donc quand cette même personne cesse toute activité, il est ainsi mort. C’est une approche très limitée ; ce que nous aurons l’occasion de voir dans la suite de l’analyse. Si donc cette vision de la mort du sens commun manque de satisfaire, qu’en n’est -il alors de la religion?

La mort pensée par la science médicale

Une double definition. 

         Si pour le sens commun, la mort c'est quand l'être n'a plus d'activité physique sur terre, pour le religieux la séparation du corps et de l'âme. En revanche la science plus particulièrement la médecine se penche plutôt sur comment on meurt. Cela dit, la science va plus loin dans sa façon de chercher ce qu’est la mort. Ainsi elle intègre la définition du sens commun comme l’argument défendu dans la religion, mais tout en essayant de le dépasser avec des arguments scientifiques solides. Avec l'avancée de la recherche scientifique et du même coup accompagnant l'avancée de la médecine, on est arrivé à définir la mort comme l'arrêt circulatoire ; l'arrêt de la circulation sanguine. Il y a mort selon la médecine, quand les éléments vitaux du corps ne fonctionnent plus. Mais il faut savoir que dans la médecine, il y a une certaine classification de la mort. Il semble y avoir différents types de morts, une mort biologique qui est celle que nous venons juste d’élucider, mais il est apparu récemment dans le jargon de la médecine, l'expression de la mort cérébrale. Dans ce cas précis, il s'agit de l'arrêt des activités électriques du cerveau.  

Cette double définition pose d’énormes difficultés, car la mort n'est plus simplement définie par l'arrêt des battements du cœur, par ce que, avec l'avancée des sciences on peut provoquer artificiellement ces battements. Ici on arrive à la conclusion suivante : que la mort d’un être vivant c'est l'arrêt irréversible des fonctions vitales, c'est-à-dire l'arrêt du cœur comme l'arrêt du cerveau. Toutefois, nous revenons à la case départ. Car si nous analysons attentivement cette définition il n'y a pas réellement une grande différence dans la manière dont la foule, la religion et la science explique la mort. Il y’a toujours l’idée d'absence. L'absence d'un élément inconnu qui n'est plus et qui animait le corps. L’inventaire des analyses, nous amènent malheureusement à conclure que la question de la mort malgré l'effort que s’est donné l’homme de vouloir dire ce qu'elle est, ce dernier échoue toujours, étant une question complexe, il est très difficile d’avoir une réponse pour convaincre.  D’où peut-être la peur qui motive certains jusque à vouloir l'ignorer. Mais peut-on réellement ignorer notre mort prochaine ? C’est ainsi que la philosophie va se saisir de la question. Aucune discipline dans les sciences humaines ne sait pencher aussi sérieusement que la philosophie sur la question de la mort.

Selon les philosophes 

L'homme et sa vie précieuse. 

L’homme est le seul être dans la nature qui est conscient de sa vie. Il sait qu’il est un élément dans la nature, même s'il ne sait pas totalement le sens de sa présence et de son rôle dans ce grand mécanisme, il cherche tout de même à donner un sens à sa vie. Aussi riche, remplie de bonheur, où pauvre est plein d'embuches, l'être humain est cependant très angoissé par sa finitude. Que résument la vie ? qu'elle est la conclusion de ce grand mystère qui est la vie ? À quoi va aboutir tous nos efforts sur terre ? Toutes nos réalisations, toutes les relations nouées, la richesse accumulée, les injustices, les bonnes réalisations ? Tous autant qu'ils sont, les êtres humains croyants ou non croyants à chaque moment creux de leur vie, se posent forcément cette question : à quoi bon vivre si cela doit finir ? C'est donc pour lever cette angoisse, pour sans doute nous faire accepter ce fatalisme, que la philosophie, s'est penchée sur la question de la mort. Dans son ouvrage Lettre à Ménécée, Epicure (341 270 avant Jésus-Christ) est aller jusqu’ à nous dire que la mort n'est rien.  Il faut savoir comme nous l'avons déjà dit dans les débuts de ces propos que l'homme est le seul animal qui sache qu'il va mourir et la pensée de sa mort prochaine est source pour lui de tourmentes et d'inquiétudes qui le prive de jouir et de profiter pleinement de la vie présente.

Qu'en dit Epicure? 

C'est ainsi que Epicure s'efforce de dédramatiser la mort en essayant de nous délivrer de sa crainte est donc, inutile de redouter la mort. Ainsi il affirme ou plutôt semble donner un conseil : « Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation, Or la mort est la privation complète de cette dernière. Cette connaissance certaine que la mort n'est rien pour nous a pour conséquence que nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère parce qu'elle n'y ajoute pas une durée illimitée mais nous ôte au contraire le désir d'immortalité. En effet il n'y a plus d’effroi dans la vie pour celui qui a réellement compris que la mort n'a rien d'effrayant. Il faut ainsi considérer comme un sot celui qui dit que nous craignons la mort, non pas parce qu'elle nous afflige quand elle arrive mais parce que nous souffrons déjà à l'idée qu'elle arrivera un jour. Car si une chose ne nous cause aucun trouble par sa présence, l’inquiétude qui est attaché à son attente et sans fondement ainsi celui des maux qui fait le plus frémir n'est rien pour nous puisque tant que nous existons, la mort, n'est pas et que quand la mort est là ; nous ne sommes plus. La mort n'a pas par conséquent aucun rapport ni avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus. » Après avoir entendu ces propos d’Epicure, on a juste envie de pousser un ouf ! de soulagement. Ce dernier, veut effacer en nous l’inquiétude qui nous anime en pensant à la mort. Pourquoi avoir peur ? pourquoi se détacher des plaisirs de la vie présente ? pour un détail qui ne nous concerne en rien.

Si nous vivons, c'est parce que nous vivons. 

Si nous vivons, c'est parce que nous vivons et donc si la mort se présente on meurt. Voici en gros le principe pour atteindre l’ataraxie qui est le but visé par l'épicurisme. L’ataraxie : c'est-à-dire absence de troubles et d'inquiétudes, objet fondamental de que recherche le sage. Cette sagesse, c'est de prendre plaisir à cette vie, c'est-à-dire une jouissance agréable et stable, repos qui implique l'absence de douleur, cette affection consiste un principe de la vie heureuse. Il apparaît donc avec Epicure qu’il est inutile de chercher à la définir, car elle n'est rien pour nous et que nous ne faisons encore que perdre notre temps et notre énergie et nous ne faisons que nous remplir de chagrin et de trouble en y pensant. Quand la mort est, nous ne sommes pas. Alors à quoi bon réfléchir sur son sujet ? N'est-ce pas pour se noyer dans de vagues contradictions ? c'est dans cette logique qu'il convient de comprendre les propos de Vladimir Jankélévitch (1903-1985). Il affirme dans son ouvrage La Mort que : « Quand il s'agit d'arbitrer le débat de la pensée et de la mort, tout le monde a raison et personne n'a raison unilatéralement. Non il n'y a pas de dernier mot. Ce n’est pas juste pour nous décourager, à ne pas nous interroger sur la mort, mais selon lui, c'est une peine perdue d'avance ». Car il est très limité qu’un être mortel puisse dire une quelconque chose sur la mort. Il poursuit dans le même ouvrage : « L'homme sait qu'il mourra, mais il ne s'explique pas pourquoi il doit disparaître, ni comment il peut être nihiliser, il pense et conçoit la mort, mais il ne la comprend pas ; (…). La conscience de la mort, ne retenant de la mort qu'une vile effectivité, reste sans contenu et nous laissent dans un état d’impréparation totale. » Mais le grand problème reste que, même si on ne peut rien dire à son sujet, l'homme cherchera toujours en à savoir quelque chose, peut-être pour éradiquer la peur qui l’habite. Cependant, cela n’a pas empêché les philosophes de chercher à diminuer cette inquiétude. Certes, on ne peut rien dire à son sujet, mais on ne peut même pas s'en passer, c’est dans cette logique que des penseurs comme Le marquis de Sade (1770-1814) (Donatien Alphonse François), essaient à leur niveau d'expliquer le phénomène de la mort. Car pour lui comme pour les autres cités précédemment, nous n'avons pas à nous en faire de la mort. C’est un principe normal et éternel. C’est ce qui vit qui meurt et revient. L’homme est un être qui continue. Donc la mort n'est pas comme on le pense : une fin. Pour lui la vie et la mort sont deux principes dans la même réalité. D’où ces propos : « le principe de vie dans tous les êtres, n'est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nourrissons dans nous, tous deux à la fois. » L'homme semble être à ses yeux, une énergie qui continue. 

 

Le principe Anthropologique. 

Ici c'est un principe anthropologique qui est remis en cause. Le plus souvent nous sommes dans la logique du : la naissance est le début de toute une vie et donc la mort en est la fin ; la fin de l’existence. Or pour Sade : « la naissance de l'homme n'est donc pas plus le commencement de son existence, que la mort n’en est la cessation et la mère qui l’enfante ne lui donne pas plus la vie, que le meurtrier qui le tue lui donne la mort. » Car selon l'auteur de cette affirmation, la naissance et la mort sont inscrites dans un principe et un processus naturel. Car dans la suite de cette idée, il ajoute : « Rien ne naît, rien ne périt essentiellement, tout n’est qu’action et réactions de la matière. » Et donc là peur de la mort n'est qu'une absurdité.  Car si je vis, c'est par l'énergie d’un mort. C'est par l'énergie de ce disparu, qui a alimenté le sol, ce sol qui alimente tout ce qui pousse sur la terre ; c’est-à-dire tout ce dont notre organisme a besoin pour exister. La vie est un cycle la mort en est donc un moment de transition. Un moment où l'énergie se transforme pour donner vie à d'autres éléments de la nature.

Pourquoi vivre si notre fin est de disparaître ? t-elle est la question angoissante qui hante la vie de l'homme. Angoisse due à l'attachement matériel sur terre ou juste par peur de l'inconnu. La mort est un sujet très délicat et très complexe. Le sens commun la définie dans ce qu'il observe.  La religion elle, se basant sur les textes sacrés, résume la mort dans l'absence d'un souffle (l'âme) du corps. La science qui d'habitude est plus précise dans les réponses qu'elle apporte à des questions complexes comme celle-ci, ne semble pas aller plus loin. La philosophie quant à elle, pour dépasser ce problème de définitions, cherche à noyer l'angoisse qui découle cette peur et qui habite l'homme. Soit en nous rappelant de vivre pleinement à la vie présente et d'oublier ce qui quand il n'est pas nous ne sommes pas et quand nous sommes il n'est pas. D’ailleurs nous rappellent certains parmi eux que c'est davantage une peine perdue en voulant savoir quoi que ce soit sur la mort. Mais d'autres pourraient être plus méthodique à l'exemple de Sade, nous disent que la mort et la vie, c'est la même chose. Car ce qui vit, vient de ce qui est mort. Et c'est ce qui est mort qui donne la vie ainsi de suite. Toutefois malgré toutes ces considérations il y a une question qui demeure toujours sens réponse à savoir : si la mort limite-t-elle forcément l’existence ? ce qui l’explique c’est peut-être que la réponse n’est pas à chercher du côté de la mort, mais plutôt dans celle de la vie. C’est-à-dire dans le monde de l'existence. Ce moment de l'existence qu'il convient d'appeler le temps social mais qu'est-ce que le temps social ?

Qu’est-ce que le temps social?  

« Une fois que je suis né, le temps' fuse, en moi il est visible en effet que je ne suis pas l'auteur du temps pas plus que des battements de mon cœur ce n'est pas moi qui prends l'initiative de la temporalisation. » ces propos de Merleau-Ponty annonce la complexité qu’il y’a à définir le temps Le temps c'est une des nations les plus polysémiques et qui ont soulevé, beaucoup de controverses entre les penseurs dans les sciences humaines comme dans les sciences naturelles. Elle fait l'objet de beaucoup de spéculations et de contradictions. Est-elle une notion physique ou abstraite ? qu'est-ce qui fait la difficulté de dire ce qu’est le temps? Est-ce parce que nous autres hommes somme du temps? Et pourtant les tentatives de réponses ne manquent pas. Mais qui peut être sûr d'avoir raison? Là est réellement la question; c'est une de ces notions que dans la discussion on utilise quotidiennement, nous vivons pourtant par le temps dans le temps et pour le temps, cependant la langue est toujours limitée, elle peine à dire ce qu'est le temps, c'est sans doute ces mêmes interrogations qui animèrent la pensée de Saint Augustin (354-430). 

« Qu'est-ce en effet ce temps? qui serait capable de l'expliquer facilement et brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots, l'idée qu'il s'en fait? », Augustin, à la suite de ses interrogations répond sans surprise : « Si personne ne me le demande, je le sais, mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne sais plus » c'est ce qui est étonnant. Nous passons notre journée à spéculer sur le temps, sans pouvoir dire concrètement ce qu'il est. Et pourtant chacun s'en fait une idée. Voici donc le dilemme auquel nous sommes confrontés. Mais de quel temps parlons-nous? dans cet exposé nous parlons du temps social, ce temps de l’existence social. A notre avis, tel que nous le concevons ce temps, jusqu’à affirmer qu’il n’est pas limité par la mort, peut-être saisi dans une définition précise. Et c’est cela qui rend possible, une définition du temps. C’est-à-dire la difficulté résulte dans le fait de vouloir le concevoir, dans son entièreté. C’est dans cette logique que nous nous limiterons à dire ce qu’est le temps social. Car c’est ce qui réellement nous intéresse dans ce débat.  Mais vu les confusions qui gravite autour de la notion du temps, il serait approprié de faire une brève distinction entre le temps physique et le temps sociale.

la signification du temps physique. 

     Nous entendons par temps physique, la durée marquée par-là la succession des évènements et en particulier des jours et des nuits. La succession des heures, des minutes et des secondes. C'est ainsi l'alternance des saisons. C’est la durée limitée, considérée plus particulièrement du point de vue de ses effets ou par rapport à l'usage qu'on en fait quotidiennement. Le temps physique rend compte du changement dans le monde. C’est ce temps qui est découpée en principalement trois moments : le passé, le présent, et le futur. Le passé étant le moment premier des événements présents. C’est un moment qui était, qui s’est entièrement déroulé dans le temps précédent, ou parfois, a des impacts dans le présent. Ce présent c’est le moment immédiat, la période où se déroule les choses. C’est ce présent qui prépare le futur, c'est-à-dire les événements à venir. Ce temps est assimilé au mouvement, c'est-à-dire la variation des choses. Quittant un moment pour un autre. C’est le moment où apparaît et disparaît les éléments. C’est dans ce temps qu'il convient de comprendre les propos de Héraclite (environ 576-480 avant Jésus Christ) : « On ne peut descendre deux fois dans le même fleuve. Ni touchez deux fois une substance périssable dans le même état car elle se disperse et se réunit de nouveau par-là promptitude la rapidité de sa métamorphose.  La matière, sans commencer ni finir en même temps naît et meurt il survient et disparaît. » Le temps physique c'est le moment ou rien ne demeure identique. C’est ce que nous voulions expliquer ici avec Héraclite. L'idée de cette distinction est que le temps dont nous voulons utiliser dans la thèse de ce travail et un temps qui demeure. Un temps qui n'a pas de limite naturelle, c'est l'idée du temps social. Qu’est ce que donc le temps social?

Signification du temps social. 

      Le temps social, c'est le temps ou le moment des liens social. C’est le moment où nait un être dans un milieu déterminé, où il lui est inculquer les valeurs. Un milieu dans lequel il va acquérir des principes de vie qui lui permettront de se développer. A premier vue, c'est la définition que nous révèle la composition de l'expression : « temps social ». Cependant pour être clair dès le début, disons que nous n'entendons pas par temps social : le temps de la société, c’est-à-dire la durée de l'organisation sociale. Car ceci semble être un autre débat. Nous entendons par temps sociale donc : le moment de la vie de l'individu avec ses semblables, le moment où il aurait appris, ce temps où il s'est approprié pour enfin appliquer. C’est ce moment que nous nous appelons temps social. C’est-à-dire « l’ensembles des relations et des institutions ». Ce qui nous y intéresse, c'est de savoir si ce temps peut être limitée par la mort. C’est-à-dire, est-ce que ce temps peut être réellement finir. En d'autres termes, ce que nous cherchons de savoir c'est : si tout ce que les hommes auraient appris, toutes leurs pratiques, tous les liens qu'ils auraient établis, toutes leurs créations est-ce que tout ceci doit forcément disparaître après la mort ? Y a-t-il pas quelque chose qui demeure malgré l'épreuve du temps ? D’où notre analyse du temps social. C'est ainsi que nous sommes amenés à nous interroger sur l'organisation sociale c'est-à-dire le processus de socialisation de l'individu. Tout ceci dans le but de comprendre que peut-être là socialisation des individus est né dans un long processus qui a su défier le temps. Pour ce faire nous posons le débat sur la différence entre nature et culture.

Le problème que pose le thème de la nature et de la culture et celui de la place de l'homme dans le monde ou dans la nature. Demandons au passage comment s’est-il construit cette place. Car l'être humain s'est toujours donné les moyens d'avoir une place particulière dans cette nature. Car dans la nature : « lui seul pense. Lui seule vie dans des organisations régies par des règles. Enfin lui seul créent sans cesse de nouveaux outils lui servant le construire un monde rempli d'objets artificiels, qui composent avec les institutions sociales et pratiques le monde proprement humain de la nature et de la civilisation. » Ceci est de l’avis des anthropologues. Mais d’où lui vient donc cette aptitude ? Est-il né avec ? Pour éclaircir ce débat, faisons la différence entre nature et culture.

 

La nature peut signifier cette « détermination matériel sur quoi nous agissons » nous dit schilling. Il peut aussi signifier « tout ce qui est en nous par hérédité biologique ;» nous rapporte Lévi-Strauss. À travers ces deux définitions, la nature se situe en l'homme et en dehors de l'homme. La nature, renvoie à l’inné, c'est-à-dire ce avec quoi est né l’homme. C'est l'animalité de l'homme. Mais la définition qui nous conviendra le mieux dans l'optique de notre autre sujet c’est : l’« ensemble des propriétés que l’être vivant tient de sa naissance, de son organisation de sa conformation primitive » ; cette nature c'est ce qu'il tient de ses semblables.

La culture quant à elle, peut être définie comme : « l'ensemble des démarches intellectuelles, techniques et pratiques que l'homme déploie pour imprimer sa marque à la nature. Elle va ainsi du développement de certaines facultés de l'esprit ou du corps par un exercice approprié » nous dit André Lalande ; à l'ensemble des croyances, des connaissances, des règles, des rites et comportements traditionnels d'une société donnée. C'est ici que nous voudrions attirer l'attention, car ces rites, croyances et connaissances de même que les comportements, ne sont pas naturel en l'homme, mais il l’a acquis, c'est-à-dire c'est des éléments que les hommes ont acquis durant le long processus de socialisation.

Donc le temps social c’est le temps des pratiques, le moment des relations entre les individus. Car l'individu vient naturellement sans paroles ni avec une quelconque forme d’intelligence. Tout ce qu'il possède, lui a été transmis. De même à son tour il doit s'approprier, transformer, réorganiser pour ensuite transmettre à nouveau. C'est ainsi que la société s'est formée, c'est-à-dire dans la réception et la transmission. C’est l'idée qui nous a motivé à affirmer que le temps, ne limite pas à la vie sociale des hommes ; la vie en société nous rend immortel. C’est pour cette raison que dans cette thèse nous nous sommes interrogés sur ce qu'est le temps. Pour ensuite faire la distinction entre temps physique et temps social ; et donc par ce temps social nous pouvons gagner l'immortalité : mais comment ?

La mort peut-elle limiter le temps social?

       « L’homme est un être qui continue », cette phrase suffit pour répondre à la question. Tout ce qu'un homme utilise dans la société, il le tient d'un autre un homme. Sur tous les plans de sa vie l'homme continue un autre homme. Sur le plan biologique, nous continuons nos parent (papa et maman). C’est de même dans l'organisation sociale par la loi de l'acquisition et de la transmission, l'homme continue l'homme d’où son immortalité. Pour preuve : Dans les classes de terminale comme dans les universités, on nous parle de Platon, de Kant on nous expose leurs théories ainsi que leur thèse, de même que leurs différentes divergences comme s'ils étaient toujours des professeurs avec qui nous entretenons des correspondances sur les questions précises. Et pourtant, Platon dont on nous parle, physiquement a appartenu au 6e siècle avant notre ère, la nouvelle technologie aussi moderne soit elle, est en partie fabriqué elle se modernise chaque jour grâce aux morts. Cela dit les morts sont toujours parmi nous ; nous vivons grâce aux morts, la morale que nous nous forçons face à une situation donnée est théorisé est transmise par des morts. Devant votre imprimante posez-vous la question de savoir combien de morts ont participé à sa création, ces derniers ne sont donc pas morts car par l'utilisation de leur produit la pratique de leurs propos leur donne une existence. Cela dit les morts par leurs actes, par leurs créations, par les liens établis, c'est-à-dire par les marques qu'ils ont su imprimer durant leur vie le moment de leur existence sur terre, leur garantit une immortalité.

 

Selon les philosophes! 

D’après Alain (1868-1951) « Qui se souvient fait des immortels. » Mais c'est quoi ces souvenirs C’est les pratiques, les créations et les valeurs laissés par un homme, durant sa vie, disons durant son temps social. Donc la mort ne limite pas le temps social. C'est dans cet ordre d’idée qu'il convient de comprendre les propos de l’auteur : « les morts ne sont pas morts, c'est assez clair puisque nous vivons. Les morts pensent, parlent et agissent ; ils peuvent conseiller, vouloir approuver, blâmer ; tout cela est vrai ; mais il faut l'entendre. Tout cela est en nous ; tout cela est bien vivant en nous. » Cela dit, nous pensons par les théories des morts, nous fabriquons nos outils grâce à la technique inspirée par des morts.  Même dans la sphère politique pour convaincre, nous évoquons les morts. N'est-ce pas eux qui ont établi les lois sur lesquelles sont régis nos sociétés ? C'est dans cette logique sens doute qu’Auguste Comte, (1798-1857) affirme : « les morts gouvernent le monde » ; mais comment comprendre cela ? pour lui : « la vraie sociabilité consiste davantage dans la continuité successive, dans la solidarité actuelle. Les vivants sont toujours, et de plus en plus, gouvernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale de l'ordre humaine (…) Nos mort sont affranchis des nécessités matérielles et vital, dont ils ne nous laissent le souvenir que pour nous les mieux représentées. Tel que nous les communes. Mais il ne cesse pas d'aimer, même de penser, en nous et par nous. » voici ce que nous voulons réellement dire quand nous disons de la mort qu’elle ne peut pas limitée le temps social, mais le temps physique. Le temps social de l'homme lui, n'est pas limité ; ce moment demeure, il persiste et assure l'immortalité de l’individu. C'est eux qui font la loi, organisent la société et définissent nos politiques.

L'être humain participe au grand tout de l'humanité. 

Pour Auguste Comte, il y a le Grand Être, c’est-à-dire l’ensemble des êtres qui aurais vécu, toutes leurs pratiques, constitues un exemple pour ceux qui vivent au présent. Chaque vie, participe au Grand Être, qui ensuite est l’abreuvoir des générations à venir. La vie actuelle est une continuité du passé. Ainsi d’après Alain dans son analyse sur les propos de Comte: « ils sont nos modèles désormais et non législateur. Les morts sont partout et dans tous ». Ils ont vécu, créé, pratiqué et transmis. Leur lègues, leur garantit ainsi une immortalité. Car c'est par leur existence, que la vie continue, c'est dans ce sens que semble aborder FEURBACH (1804-1872). Pour lui, la mort ne limite pas la vie. Toutefois, il ne manque pas de critiquer la conception religieuse l'immortalité. Selon lui, l'immortalité n’est pas la transition de l'homme dans une autre réalité, pour lui donc la mort n'est pas forcément une négation à la vie. L’homme peut être un immortel ici-bas, dans un monde réel et concret. Pour Feuerbach comme nous ne cessons de l'affirmer depuis le début, la mort ne limite pas la vie de l'homme ; nous sommes immortels par le temps social : « Tu es un être immortel dans chaque action, dans chaque sensation, dans chaque connaissance. » Car c'est cette action qui donne sens et valeur de notre passage sur terre. Mais si tout devrait disparaître après la mort, pourquoi alors vivons en communauté ? La vie dans un groupe social déterminé, n'a de sens que par la transmission. Et donc chaque être vivant marque son passage parce qu'il aura fait et laissé. C'est ainsi qu'il continue à vivre parmi les hommes. « Tu es un être immortel, cela veut dire en vérité ; tu es un être qui a de la valeur et de l'importance. » Et donc la vie sur terre semble être comme une grande machine ou chaque être est un élément, un rouage dans cet énorme système qui est la vie. Feuerbach affirme à ce sujet : «la vie est musique chaque instant est une mélodie. » une mélodie qui voit la participation de tous les êtres humains.

 

Pour finir disons que la mort ne peut pas limiter le temps social. Entendons par temps social, le moment de la vie avec nos semblables. C’est dans ces instants que l'individu, aurait appris à parler, marcher, fabriquer des objets utiles à sa vie. Apprendre pour se développer et inventer pour la génération suivante. Cependant, Tout ce qu'il a reçu pour façonner son développement, il le tient de ses prédécesseurs. La vie ici est donc comme une chaine, où chaque être marque sa présence pour les suivants ; d’où l'immortalité, car nos réalisations dans l'instant de la vie avec nos sembles, nous garantissent une immortalité. Le philosophe passe son temps à dialoguer avec Husserl ou Heidegger sur des questions précises, et ces derniers, loin d’être muets, ils répondent à chaque interrogation avec une clarté étonnante et actuelle.  C'est ainsi avec les politiciens préparant leur discours, ils discutent avec Machiavel, Rousseau ou Rawls. De même que le scientifique dans son laboratoire, passe le plus clair de son temps à démentir Einstein et cherche l'aide du professeur Hawkins. Juste pour dire, les morts par leurs pratiques, nous accompagnent continuellement dans les défis quotidiens, ce qui leur garanti ainsi une survie.  

LA MORT N'EST PAS LA FIN; C'EST LE DEBUT D'UNE AUTRE VIE, OU D'AUTRES VIES.

En sommes 

La mort signifie-t-elle la fin de l'homme ? pas forcément car l'homme existant dans un cercle sociale, où il aura appris, créé des outils, noué des liens avec ses semblables, il y devient immortel. Ce temps des rapports avec ses semblables ce qu'il convient d'appeler le temps social, ce qui donc n’a rien avoir avec le temps physique ou temps ordinaire qui combine le present, le passé et le future; où rien ne demeure. La seule véritable mort c'est dans le cœur et dans l'esprit des hommes. Car enfin qui se souvient, fait des immortels.